Le 31 juillet 2020
Édito par Alexandra Schwartzbrod
Gisèle Halimi était une résistante. Pour elle, vivre, c’était pousser les murs et se battre, et il y avait tant de causes à soutenir en cette seconde partie du XXe siècle : l’indépendance, la lutte contre le racisme, l’arrêt de la torture et de la peine de mort, et surtout les droits des femmes dont elle a été l’une des plus ardentes défenseuses plusieurs décennies durant. Ses combats ont été ceux de Libération à une époque où les règles établies tombaient, le monde se transformait. Gisèle Halimi était féministe car elle ne supportait pas l’injustice. Pour elle, rien ne justifiait qu’une femme soit victime parce que femme. Un combat viscéral dans lequel elle a mis toute son énergie. Féministe avant même que le terme ne se popularise, c’était une défricheuse. Avec Simone Veil, elle a ouvert la voie à toutes ces femmes qui aujourd’hui manifestent leur colère contre l’impunité persistante de certains hommes ou la fragilisation des droits durement acquis. Sa grande force, c’était son métier d’avocate. C’est ce qui lui a permis de donner de la voix et de se faire entendre, et surtout de rallier bon nombre des plus grands intellectuels de l’époque, mais aussi des politiques ou des artistes. Car c’était une de ses qualités : Gisèle Halimi était ferme sur ses convictions mais ouverte aux autres, à tous les autres. Elle s’était constitué au fil du temps un réseau sur lequel elle pouvait s’appuyer pour faire avancer les causes auxquelles elle tenait. Elle savait de quoi elle parlait, elle connaissait les règles du droit sur le bout des doigts, la loi et rien que la loi, elle était républicaine et en imposait à n’importe quel interlocuteur, du plus modeste au plus puissant. Pour l’écrivaine Geneviève Brisac, «elle nous a transmis cette certitude : chaque combat contre chaque injustice mérite d’être mené. Et doit l’être». La conviction d’une femme libre, qui n’avait peur de rien et ne craignait personne.